Rêve - la Mort et l'enterrement d'ANDRÉ BAY.

Ce texte, d'Eloi Giera-Bay est lu (difficilement) par Glenn Giera-Bay à l'enterrement d'André le 18.01.2013 (Photos Eloi Giera-Bay)
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Le 1er juillet 1996 Eloi Giera-Bay, fils de Didier BAY et de sa première compagne Edith Giera, écrit à son grand père de 80 ans un rêve qu'il a fait trois années auparavant (en1993), vers ses 20 ans.
Le texte s'intitule
 
ANDRÉ'S TOT und BEGRÄBNIS
 
la Mort et l'enterrement d'ANDRÉ BAY.
 
 
Tu es mort. Je vis. Je suis habillé en noir. J'ai mis le costume de Chardonne que j'ai trouvé au Mesvier. Il me va impec, comme s'il avait été fait pour moi. Toi tu es allongé et bien habillé. Allongé dans un coffre fermé. Dans un sarcophage. Nous marchons, toute la famille. La tristesse domine la scène. Arrivé sur le cimetière on descend la boite froide et dure en bois. Pack ! Tu es arrivé là où tu vas rester maintenant des années, sans bouger.
Plus de voyages, plus de voix, plus rien de toi... que les souvenirs de ta vivacité.
Le temps est triste et gris. Le ciel pleure avec nous. Je me met devant le trou qui sera ta vie maintenant. La terre va te protéger de toutes les merdes du monde d'aujourd'hui. Je suis là et j'ouvre ma bouche et je dis:
"la mort de mon grand-père André BAY… André BAY. Je vais m'en souvenir… des beaux souvenirs...
Comme il fumait sa pipe… qu'il marchait très lentement toujours derrière nous. Et moi… qui m’arrêtait pour t'attendre que tu sois pas tout seul à marcher dans ce monde. Que tu étais toujours un peu pataud en tout ce que tu faisais, mais c'était ça que j'aimais, les petites bêtises de mon grand-père.
Quand tu te vexes dans ta voiture en sortant d'un garage-souterrain et que tu rafle le mur et tu dit: "ces cons pourraient pas mettre ce mur quelque part ailleurs au lieu d'en plein chemin!"
Tu conduit comme un roi des routes. On se rend compte que dans le temps où tu avais fait ton permis il y avait que 5 voitures à la Frette.
Je me souviens aussi d'un jour où nous attendons Béatrice ensemble dans une gare. Nous allons dans un magasin de journaux. Tu prenais une BD des étagères et me la montrais. Il y avait des culs, des seins, des sexes et autres. J'étais un peu stupéfait, je te regardais sans comprendre. Toi tu disais: "sont belles ces filles hein !". Je disais oui. Nous ressortons du magasin…
Je me souviens aussi d'un jour où tu venais vers moi et me proposait de faire une petite promenade. Je disais oui.
On partait ensemble. Tu savais où aller, on se retrouvait sur le petit cimetière. Tu me montrais la tombe de Camille Belguise et Chardonne. Tout d'un coup tu disais: "qu'est ce que tu en pense de cette place! ". Je ne comprenais pas vraiment ce que tu voulais dire avec ça. "Cette place pour moi ! ".
J'arrivais plus a parler. Mais après un certain temps on parlait de la mort comme si on parlait d'un gâteau aux fraises ou d'un gâteau aux pommes qu'on choisissait dans un magasin. On cherchait ensemble une place pour toi. On parlait :
"oh sur cette place là tu aurais du soleil toute la journée, mais tu serra pas très prés de Camille et Chardonne etc…"
Maintenant tu es là où on voulait que tu sois.
Oui tous ces petits souvenirs de toi, d'un grand-père exceptionnel pour moi, parce que tu m'as montré des choses que d'autres m'ont pas montré.
Comme tu voulais toujours que moi et Glenn lisions un peu de littérature je me suis dit que je vais me servir des mots d'un autre pour dire ce que je sens en ce moment et de finir avec ça ma petite expertise…..
C'est drôle des fois il faut qu'une étincelle pour ré-enflammer les pensées, les souvenirs...
 
 
1001 Bises Tschau Eloi